đŁ Salut les poissons rouges !
blog de JLM le mardi, 3 février

Le vote de non-censure par le PS consomme son ralliement au gouvernement Bayrou. Pour lâinstant sans participation. Mais qui sâen souvient : le refus du recours au 49.3 Ă©tait une des lignes rouges du PS au dĂ©but de sa danse du ventre devant Bayrou ! Et qui le rappellera : le vote de la censure est une motion de dĂ©fiance opposĂ©e au refus du gouvernement de demander un vote de confiance Ă lâAssemblĂ©e. La drogue politicienne brouille les esprits. Le minimum rĂ©publicain nâest mĂȘme plus prĂ©sent Ă lâesprit de certains parlementaires ou chroniqueurs.
Les commentaires de presse sur Villeneuve-Saint-Georges et ceux des tireurs dans le dos de la « goche » ont Ă©tĂ© unanimement concentrĂ©s sur lâĂ©chec de Louis Boyard et de LFI. Comme prĂ©vu. Que la ville ait Ă©tĂ© de droite avant lâĂ©lection, que le PCF lâait perdue la derniĂšre fois avec onze points de moins que Louis Boyard, rien de tout cela ne doit empĂȘcher le ramassis des rageux de pĂ©tuler en irond. Pourtant un Ă©vĂ©nement Ă©norme sâest nouĂ© sous les yeux de ceux que la haine anti-insoumise aveuglent.
Ă Villeneuve, lâĂ©vĂšnement majeur Ă©tait ailleurs. Il est restĂ© enseveli mĂ©diatiquement par la campagne de sabotage du PS et de ses commensaux EELV et PCF. Comme les journalistes politiques pensent sur commande, il faut faire le travail Ă leur place. Faisons-le.
Ă Villeneuve, le RN et Zemmour ont appelĂ© Ă voter pour la liste LR. Les cerveaux sont tellement lepĂ©nisĂ©s que, dans les rĂ©dactions, certains se demandent dĂ©jĂ oĂč est le problĂšme. Il y a quelques temps cela aurait Ă©tĂ© lâactu pendant huit jours. En mars 1998, aux Ă©lections rĂ©gionales en RhĂŽne-Alpes, Charles Millon fut reniĂ© par Chirac, exclu de son groupe parlementaire et de lâUDF pour avoir acceptĂ© les voix du FN. Pour finir, ce ralliement de lâextrĂȘme droite avait entraĂźnĂ© lâannulation de lâĂ©lection. Ă lâĂ©poque, François Bayrou, dĂ©putĂ© UDF, avait pourfendu Charles Millon. Aujourdâhui mĂȘme la prĂ©sence de Zemmour ne coupe pas lâappĂ©tit des muscadins et des merveilleuses de la presse et des partis « de gouvernement » ! Et comment oublier les hurlements devant les accords de dĂ©sistements rĂ©ciproques de Jean-Claude Gaudin avec le RN en 1988. Pendant des annĂ©es, « Le Monde » et mĂȘme Plantu ont reprĂ©senté Jean-Claude Gaudin encerclĂ© dâun vol de mouches Ă merde, lui-mĂȘme Ă moitiĂ© dissimulĂ© dans un impermĂ©able entrouvert. Ces finesses montraient comment la bonne sociĂ©tĂ© rĂ©agissait Ă lâĂ©poque. Aujourdâhui : silence et bouches cousues. Adieu « le cordon sanitaire » ! La seule Ă©vocation du nom du Hamas suffit, sans aucune vĂ©rification, Ă unifier le spectre politique dans un mĂȘme soutien. La « lĂ©gitime dĂ©fense » de Netanyahu a Ă©tendu son pĂ©rimĂštre jusque sur les bords de la Seine grĂące Ă Olivier Faure. Quelle rĂ©ussite !
LFI ne saurait gagner si ce nâest pas eux qui mĂšnent le bal. Telle est la nouvelle doxa des Ă©tats-majors de la goche. La question de revers ne sera pas traitĂ©e avant quâils aient tous dĂ©saoulĂ©s : comment comptent-ils gagner eux-mĂȘmes sans LFI ? Addicts aux bonnes paroles bues dans les mĂ©dias, les nigauds ne se rendent pas compte du fossĂ© quâils creusent avec enthousiasme. Ils pensent nous sĂ©parer de leurs Ă©lecteurs sans se rendre compte quâils se sĂ©parent des nĂŽtres.
Et pour finir la preuve est faite à Villeneuve-Saint-Georges que les électeurs peuvent surmonter la division malgré les appareils.
Câest la leçon majeure de cette Ă©lection aprĂšs que le PS et ses accompagnateurs aient passĂ© cinq jours sur sept Ă nous inonder de dĂ©clarations sur le « candidat du Hamas » quâil y aurait dans notre liste. On retrouvera cette partition aux premiers tours de 2025. Partout sauf exception.Â
On ne parle pas de la raclĂ©e que se prennent les macronistes dâune Ă©lection partielle Ă lâautre en dĂ©pit des efforts faits par Gabriel Attal ? Pourquoi ? Et pourquoi sous-estimer les scores de LR et leur soudaine remontĂ©e dans les rĂ©sultats Ă©lectoraux ? La fascination pour LFI Ă©teint toute autre lampe ? Pourtant lâanalyse en vaut la peine puisque le paysage politique global en est modifiĂ©. Le fait est lĂ : dans la dĂ©sormais ultra bourgeoise circonscription de Boulogne-Billancourt, la candidature macroniste hier titulaire du siĂšge sombre en quatriĂšme position. LR passe en tĂȘte ! Et le second est « Horizons », le parti dâĂdouard Phillipe, le meilleur ami de personne. Dans chacune de ces circonscriptions, les candidats de Bardella reculent en voix. Au total, Retailleau se lisse les moustaches. LR est de retour et moissonne les semailles du RN. Tant mieux. Cela dĂ©stabilise le bloc de droite. Les diverses composantes sây livrent une compĂ©tition bien rude dĂ©sormais validĂ©e par un net mouvement des courbes Ă©lectorales. Et oĂč les candidatures pour 2027 sont dĂ©sormais plus nombreuses quâau centre gauche.
LâĂ©vĂšnement de cette non-censure va maintenant produire ce que nous savons et pourquoi cela a Ă©tĂ© fait par ses auteurs : le NFP est rĂ©duit dâun parti. Il va nous falloir vĂ©rifier qui y demeure et comment fonctionner. Mais il est vrai quâil y a encore quatre 49.3 en vue et 4 motions de censure. Mais le signal donnĂ© aujourdâhui ne peut pas ĂȘtre niĂ©. Non censure-Villeneuve-non censure : trois points font une ligne.
Jean-Luc Melenchon