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☠️💀 Eric Dupond-Moretti – « Trop c’est trop ! » par Eric de Montgolfier :

Eric Dupond-Moretti a trop bien pris la mesure de ses responsabilités. Il a parfaitement compris l’usage qu’il pouvait faire de ses actuelles fonctions. C’est même le grand danger. La raison pour laquelle mes collègues magistrats doivent aujourd’hui se lever et dire non.

Aujourd’hui, le ministre de la Justice se moque de nous. Mais avec Eric Dupond-Moretti, il y a plus grave encore que ces attaques contre le corporatisme des magistrats, ce sont ses conflits d’intérêt. Je crois aujourd’hui que la politique est une forme de mensonge. Eric Dupond-Moretti en a pris toute la mesure.

Il faut bien constater que l’actuel président de la République n’a pas un attachement très développé à la justice. On l’a vu recevoir directement et sans se cacher des candidats au poste de procureur, comme si les magistrats étaient des fonctionnaires comme les autres et que le président voulait montrer qu’il en était le chef.

Comment peut-il s’en prendre au Parquet national financier dans un dossier où il était lui-même partie prenante avant d’être nommé ministre ? Si quelqu’un devait s’abstenir de toute intervention, je dis bien de toute, c’est lui.

Or en attaquant le PNF, jusqu’au micro de l’Assemblée nationale, en lançant des poursuites disciplinaires folles contre trois magistrats de ce parquet, désignés nommément dans un communiqué, Eric Dupond-Moretti franchit toutes les limites. J’y vois le signe d’une République bien étriquée.

Quelle hérésie de confondre garant de l’indépendance et chef. Un des dangers pour la démocratie aujourd’hui, c’est le comportement des politiques.

Je sais bien qu’il est tellement difficile dans le système actuel de nomination via le politique d’arriver à des hauts postes dans la magistrature juste par rectitude professionnelle ! J’imagine que certains peuvent être inquiets à l’idée qu’on leur rappelle certains épisodes de leur carrière. D’autres sont dans l’attente d’une nomination future qu’ils ne veulent pas compromettre. Ou d’un de ces beaux rubans rouges ou bleus qui iront garnir leur cercueil…

La Justice peut ne pas faire le poids devant la « bête noire », comme se surnomme lui-même Dupond-Moretti. Dans le monde actuel, où ils se taisent par définition, les juges n’ont pas la parole et ne sont pas populaires. Ce qui est préoccupant aussi, c’est la rétrogradation dans le rang protocolaire du ministère de la Justice, loin derrière celui de l’Intérieur. L’ordre naturel devrait quand même être l’inverse…

Là encore, cela en dit long aussi sur l’état d’esprit du président de la République. Je crois que son passage dans les banques lui a appris depuis longtemps à quel point « affaires » et « justice » ne faisaient pas toujours bon ménage. De moins en moins d’ailleurs.

J’ai en tête une phrase d’Henry Chéron, un avocat qui a été sous la IIIe République, fin 1930, un éphémère ministre de la Justice. Dans une circulaire adressée aux parquets, il avait écrit que le procureur « se décide en fonction de sa seule conscience ». C’est magnifique. J’ai toujours considéré que c’était notre devoir.

Mais il est difficile de n’agir qu’en fonction de sa seule conscience, sans se soucier de sa carrière, de son avancement et de ses rubans… Il n’existe pas de système assez fort pour empêcher un lâche de se coucher. J’ai malheureusement vu beaucoup de magistrats se coucher. C’est désespérant.

Notre premier devoir, notre unique devoir, devrait être ce que l’on doit à la Nation et à la Justice. »

marianne.net/societe/dupond…